L\'Emir Abd el Kader

Trente mille restes mlortuaires humains

 

 
 

 

 

 

Trente mille restes mortuaires humains

 

Le musée de l’Homme, conserve approximativement 30000 restes humains.  On a souvent parlé de la Vénus hottentote, mais elle ne fut jamais exposée après sa mort. On s’est servi à ce moment-là d’un moulage de son corps fait par Cuvier. 

Le MNHN est formé de 48% de collections européennes les 52% restants proviennent des autres parties du monde. Le but étant d’échantillonner la diversité humaine.

Le Musée de l’Homme, autre appellation du MNHN, souscrirait ainsi à la compréhension des débuts de l’humanité, ainsi que la restitution des modes de vie, des maladies, de l’alimentation à une époque donnée, etc.

Pour les anthropologues du MNHN, des peuples du passé auraient ainsi pour mission de témoigner de l’histoire, grâce à leurs restes mortuaires. Dans l’abondante documentation que nous avons pu consulter,  figurent des crânes de gardes suisses, qui avaient été décapités pendant les émeutes de la Révolution en défendant le roi Louis XVI à Versailles.  Leur tête fut portée au bout d’une pique, à la manière de celle de Bouziane des Zaâtchas, de son fils et de son lieutenant, le grand mystique et soldat Moussa Al-Darkaoui.

Les anthropologues du muséum mettent en balance, les valeurs de la science et celles de la morale. A l’occasion on n’hésite pas à introduire la laïcité française dans le débat « Vous savez qu’en France on a une sensibilité particulière, parce que c’est la laïcité, parce que c’est la République, vis-à-vis des croyances religieuses, avec lesquelles on n'est pas toujours à l’aise ». 

 

Vital et les têtes de gueux célèbres

Alors que les registres du MNHN de Paris, ne font mention que de son seul patronyme, nous livrons ici tous les renseignements concernant le docteur Vital.

Edmond Vital, le directeur de l’hôpital de Constantine, était médecin principal à la retraite. Il était domicilié : rue de l’Agha, à la Maison Meuret, à Constantine. Né à Dunkerque, il était le fils de François René VITAL, et de Marie Jeanne Laurence Verdigny. Il est mort à l’âge de 64 ans, le 23 septembre 1874 à Constantine. 

Son frère, René Florentin VITAL, qui fournit au Muséum de Paris les crânes des résistants algériens, que lui légua son frère Edmond à sa mort, était célibataire, il habitait 11, Rue Nationale à Constantine. Né à Dunkerque (Nord), comme son frère, il était rentier à sa mort survenue à l’âge de 91 ans le 2 octobre 1899. René Vital adopta sur le tard un enfant.

La tête de Bouziane (N° 5941 au MNHN de Paris), fut coupée et fixée au bout d’une baïonnette à la fin du siège de Zaâtcha. Elle a été conservée comme celles de Boubaghla (N° 5940 au MNHN de Paris) et du Cherif Bou Kedida (N° 5943 au MNHN de Paris), qui fut tué dans un combat livré sous les murs de Tébessa par le lieutenant Japy. Ces restes mortuaires font partie depuis 1880 de la collection Vital du Muséum de Paris. 

C’est Victor-Constant Reboud qui fit parvenir au muséum de Paris les restes mortuaires de cette collection. Il le dit dans une lettre (Revue Africaine, Volume 30, année 1886, à la page 76).

Chacune des têtes était accompagnée d’une étiquette, longue bande de parchemin, portant le nom du Cherif décapité, la date de sa mort, le cachet du bureau politique de Constantine et la signature du Colonel de Neveu et de M. Gresley.

 

Une série de têtes de choix

Reboud dit avoir réuni « une série de têtes de choix et d’une bonne conservation », provenant en grande partie du Coudiat-Aty, autrement dit le musée de Constantine, à ses débuts.

En 1855, la municipalité de Constantine qui venait d’acquérir la collection phénicienne (punique) de Costa Lazare, porta son choix sur le plateau de Koudiat Aty, pour la réalisation du musée. C’est ainsi que l’ont fit disparaître la nécropole punique qui se trouvait à cet emplacement.

Auparavant ce musée avait l’air d’un cagibi. Les têtes de Boubaghla, de Bouziane, et d’autres chefs de la résistance algérienne réunies par Reboud, se trouvaient mêlées aux bracelets, lampes lacrymatoires et à des tas d’autres autres objets entreposés dans ce réduit.

Elles seront adressées par la suite au naturaliste J-Louis A. de Quatrefages de Bréau.

Reboud avant de clouer la caisse pour l’envoi au Muséum de Paris, demanda à René-Honorin Vital, le frère du collectionneur Auguste-Edmond Vital, « s’il pouvait enrichir l’envoi de quelques crânes intéressants »...Le Dr Auguste Edmond Vital venait de décéder et sa famille ne savait plus quoi faire des restes mortuaires qui étaient entreposés dans de la poudre de charbon, au domicile de Vital.

René Vital répondit :

_ Prenez tout ce que mon frère a laissé, vous y trouverez des têtes de gueux célèbres (sic) et vous ferez le bonheur de mes servantes, qui n’osent monter au galetas, parce que l’une de ces têtes a conservé ses chairs fraîches, et que malgré la poudre de charbon dans laquelle elle est depuis de nombreuses années, elle répand une odeur sui generis

C’est ainsi que parmi plus de vingt têtes apportées de divers lieux de la province de Constantine, Reboud constata la présence de la tête de Boubaghla, de Bouziane et du Cherif de Tébessa, Bou Amar Ben Kedida, ce dernier nom transcrit Bou Guedidat par le lieutenant Japy. L’orthographe véritable de ce patronyme est Boukedida.

Ces restes mortuaires avaient été donnés au Docteur Vital, par ses amis, le Colonel de Neveu et Gresley.

La tête du Cherif de Tébessa répandait une légère odeur, et conservait des chaires relativement fraîches.

Grâce à René Vital, le Muséum de Paris s’enrichit d’une vingtaine de nouvelles têtes d’algériens célèbres.

 

Reboud étudie les stèles libyques

Concernant le Dr Victor-Constant Reboud (1821-1889). Au moment de l’intégration de l’armée d’Afrique en 1853, il est botaniste. On le retrouve médecin-major de première classe des années plus tard. Il passera trente ans en Algérie. Outre sa profession de botaniste, il se formera à l’étude des stèles libyques, en faisant de l’ombre à l’abbé Chabot. Reboud deviendra correspondant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, dans un domaine qui n’était pas le sien. V. Reboud décèdera le 25 mai 1889 à Saint-Marcellin (Isère), son village originaire. 

Le docteur Vital, fut médecin-chef de l'hôpital de Constantine pendant vingt-trois ans, dans une de ses correspondances, adressées à Ismaël Urbain, il écrit :

« les enfants nés en Algérie de père et de mère européens sont impitoyablement moissonnés. Les enfants nés de père et de mère nègres sont plus maltraités encore ». Les préjudices causés à la santé des populations autochtones, par la disette et les pénuries du fait de la politique de dévastation des récoltes et de destruction de douars, ont été curieusement assimilés par le Dr Vital aux ravages occasionné par le choléra. André NOUSCHI, a consacré en 1958 une thèse à la Correspondance du docteur Vital avec Ismaël Urbain « Correspondance du docteur A. Vital avec I. Urbain (1845-1874) ». Collection de documents inédits et d'études sur l'histoire de l’Algérie 2e série, Documents divers. Alger, 1958, 432 p.

 

Le Dr Vital et Ismaël Urbain

Dans cette correspondance, sont analysés les problèmes algériens de la période 1851/1874. Le Dr Vital, médecin-chef de l'hôpital militaire, a résidé à Constantine, de 1838 jusqu'a sa mort survenue en 1874. Cette correspondance nous renseigne sur les questions liées au  sénatus-consulte de 1863, les réactions des indigènes, la commission d'enquête du comte Le Hon, le séquestre de 1871 et la loi Warnier de 1873 sur la francisation des terres, ainsi que sur les grandes crises du pays incendies de forêts, les famines et les épidémies de 1866-1869, les insurrections de 1864-69 et de 1871. Cette correspondance nous permet d'apprécier les forces politiques en présence dans le Constantinois, où les colons européens cherchaient à évincer le plus grand nombre possible d’Algériens de leurs terres.

Le Dr Vital fut le plus fidèle informateur du politicien I. Urbain chargé d'exposer dans le Journal des Débats les problèmes rencontrés par les algériens. Ismaël Urbain qui était marié à une musulmane algérienne, avait ses entrées auprès des hautes sphères de la politique française. Il ambitionnait de faire instaurer l’égalité politique et sociale entre les indigènes et les Français, une sorte d’univers cosmopolite, dans lequel baignerait une société égalitaire.  L’œuvre de conciliation entre Européens et Arabes d'Algérie, proposée un siècle auparavant par I. Urbain, où se trouvaient mêlées toutes les origines et les croyances, fut remise à jour et actualisée par le Général de Gaulle au cours des ultimes instants de l’Algérie française, en vain.

 

11:36 Écrit par alifaridbelkadi dans Blog, Histoire, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note

juin 23, 2011

MISE AU JOUR DE RESTES HUMAINS DANS LA GROTTE DE NEKMARIA DAHRA

 

MISE AU JOUR DE RESTES HUMAINS

DANS LA GROTTE DE NEKMARIA DAHRA

 

Après notre découverte au début du mois de mars dernier des restes mortuaires de plusieurs dizaines de résistants algériens à la colonisation, au Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris, d’autres martyrs ont été découverts il y a quelques jours ( 17 JUIN 2011)  par un universitaire de Mostaganem. Ceux-là n’ont pas été décapités par les français aidés de leurs valets indigènes, mais enfumés –asphyxiés et suffoqués, comme dans un four crématoire- par les généraux français, en 1845. Pensant fuir les colonnes de l’armée française, ils avaient trouvé refuge par  centaines,  dans les Grottes du Dahra.

Leur nombre s'élevait à  environ un millier. Approximativement le double des victimes d’Oradour-sur-Glane, un village du Limousin qui fut le théâtre le 10 juin 1944, de la tuerie par l'armée allemande  de  642 villageois.

Ali Farid Belkadi.  23/632011.

 

 

 

 

 

 

MISE AU JOUR DE RESTES HUMAINS

DANS LA GROTTE DE NEKMARIA DAHRA

 

 

 

Saint Arnaud Pélissier.

Colonel Pélissier.

Le 12 août 1845, Saint-Arnaud fait murer les entrées de la Grotte : « Le 12, je fais hermétiquement boucher les issues, et je fais un vaste cimetière. La terre couvrira à jamais les cadavres de ces fanatiques. Personne n’est descendu dans les cavernes, personne... que moi ne sait qu’il y a là-dessous cinq cents brigands qui n’égorgeront plus les Français. ».(...) « Ma conscience ne me reproche rien. J’ai fait mon devoir de chef, et demain je recommencerai, mais j’ai pris l’Afrique en dégoût. » Le dossier des emmurés de Saint-Arnaud restera confidentiel.

 

Mise au jour de restes humains dans la grotte de Nekmaria

Par Yacine Alim, El Watan, le 21 juin 2011 :

 

Ces ossements humains gisent sous terre depuis exactement 166 ans (© Aziz)

 

 

 

 

"Arrivé au fond de la grotte, à plus de 3 m de profondeur, le groupe, composé de jeunes, d’adultes et même d’enfants, tous fils de la région, met alors au jour des ossements humains ainsi que des reliques.

Pour la première fois depuis 166 ans, la grotte de Nekmaria, connue sous le nom de Ghar El Frachih, 80 km à l’est de Mostaganem, en plein massif du Dahra occidental, livre ses secrets. Aidé par des habitants de Nekmaria et du douar El Frachih, un universitaire de Mostaganem, qui accompagnait une équipe de l’ENTV venue couvrir la commémoration des enfumades du Dahra, organisée sous l’égide de l’université de Mostaganem, est descendu au fond de la grotte à travers un étroit passage. Arrivé au fond de la grotte, à plus de 3 m de profondeur, le groupe, composé de jeunes, d’adultes et même d’enfants, tous fils de la région, met alors à jour des ossements humains ainsi que des reliques.

L’exploration n’a été possible que grâce à l’utilisation de lampes torches rudimentaires. Elle a duré près de 30 longues minutes, un temps qui a paru immensément long eut égard à la sacralité de l’endroit et aussi à la présence avérée de restes humains qui gisent sous terre depuis exactement 166 ans. En effet, c’est ce même jour de juin 1845 que Pélissier et ses soldats entreprirent de mettre le feu aux entrées des grottes où s’étaient réfugiés les Ouled Ryah. L’exploration a vite permis de mettre à jour quelques objets ayant appartenu aux Ouled Ryah, notamment un bâton taillé dans du thuya et qui sert à maintenir les tentes des nomades ; il sert également à entraver les chèvres et les brebis.

Dans leur tâtonnement sous les pierres et dans un épais manteau de poussière, les explorateurs sont parvenus à extraire des os humains, dont un péroné en parfait état de conservation, une omoplate ainsi que plusieurs vertèbres cervicales.

Preuve irréfutable

Cette grotte est connue pour avoir été le théâtre d’une terrible enfumade fomentée par le colonel Pélissier les 18 et 19 juin 1845. Connu pour être l’un des pires massacres commis par l’armée française d’occupation, cette enfumade avait entraîné la mort, après de terribles et interminables souffrances, de plus de 1200 personnes, dont des vieillards, des femmes et des enfants appartenant tous à la tribu des Ouled Ryah, de fiers montagnards du Dahra qui ont été pourchassés jusque dans ce refuge par une colonne de 2500 hommes sous les ordres du colonel Pélissier. Ce dernier avait fait amasser des fascines avant d’y mettre le feu que la troupe entretiendra deux nuits durant, asphyxiant hommes et bêtes.

Cette mise à jour d’ossements humains intervient quelques jours à peine après la visite d’Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères qui n’a pas hésité à balayer d’un revers de la main toute forme de reconnaissance des crimes et massacres coloniaux commis à l’encontre du peuple algérien par l’armée française d’occupation et, ce, durant 132 ans. Ce péroné, cette omoplate et ces vertèbres, remontés par les descendants des Ouled Ryah, en ce jour anniversaire des enfumades, sont la preuve irréfutable des horreurs commises sur des innocents. Elles sont une preuve éclatante que, malgré les reniements et les escapades de l’ancienne puissance coloniale, ces ossements, qui ressurgissent plus d’un siècle et demi après avoir été ensevelis, rappellent combien l’histoire coloniale a été injuste et sanguinaire. Cette découverte, qui intervient 166 ans, jour pour jour, après ces massacres, démontre que l’histoire des massacres coloniaux reste à écrire".

 

Pour en savoir plus, voir le blog de Aziz Mouats, chercheur à l’Université de Mostaganem : http://boussayar.blogspot.com



25/12/2013
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