L\'Emir Abd el Kader

Ce qui est dit de l'Emir Abdelkader

"Son langage est riche en expressions métaphoriques , et les images gracieuses qui sont des caractères de la poésie orientale, abondent dans sa conversation :  "Vous devez avoir froid lui disait le préfet de Toulon , chargé de le recevoir. Oh! non répondit-il, la chaleur de votre amitié pour moi fait fondre la glace de l'air".

Le nom d'Abdelkader est acquis à l'histoire, où il occupe une place glorieuse à côté des Judas Machabée, des Wilkind, des Bolivar et tous ceux qui ont lutté vaillamment pour l'indépendance de leur pays".

Extrait de l'article Abdelkader du Grand dictionnaire universel du X1X ème siècle de Pierre Larousse Tome 1 (1866).

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C'est la volonté des siens qui lui a donné argent, armes, chevaux, soldats, comme elle lui donna le pouvoir absolu bien avant cette paix (de la Tafna). Français, je désire sa chute, puisque la lutte s'est renouvelée; ma conduite mililaire répond de ma parole. Mais Abd-el-Kader est l'homme de l'histoire ; elle ne saura plus l'oublier : elle redira son nom ; elle le peindra sans canons, sans arsenaux, sans trésor, usant pendant de longues années des armées immenses, braves, bien munies, incessamment renouvelées; et lorsque ce nom lui rappellera les chefs qui tentent aujourd'hui la gloire en s'acharnant à sa perle, peut-être inscrira-t-elle en regard ce jugement de Napoléon : «Si la gloire de César n'était fondée que sur la guerre des Gaules, elle serait problématique. Que peut la bravoure privée de la science militaire contre une armée de ligne disciplinée et constituée comme l'année romaine? » Elle absoudra Abd-el-Kader de ses exécutions rigoureuses : les peuples combattant pour leur liberté n'ont-ils pas toujours voué leurs déserteurs à la mort — Pauvre enfant du désert ! n'ayant pour richesse que ton Koran, ton chapelet et ton cheval, pour armes que ton génie et ta parole, tu tomberas peut-être comme le haut palmier sous l'effort du simounn ; mais les générations futures exalteront ton nom! malheur au cœur qui ne saurait bénir les martyrs de la liberté! Oh! que Byron n'est-il encore de ce monde ! sa harpe vigoureuse eût vibré par les échos de ton nom, et tu pourrais mourir consolé comme les héros de Fingal ; car tu eusses entendu ta gloire éternisée dans les chants du barde. Tombe, si la Providence l'a prescrit dans son impénétrable sagesse, mais ne désespère point du souvenir éternel; la Providence ne défend point de te plaindre.

  • général Duvivier, 1842, Quatorze observations, dans Le magasin pittoresque, paru Bureaux d'Abonnement, 1848, p.25, Édouard Charton.


Tout ce que nous lisons sur la conduite d'Abd-el Kader à Paris a véritablement un attrait qui plaît et qui charme. Il y a dans la conduite de cet homme une grâce, une dignité, une piété, qui portent jusqu'à l'admiration la sympathie que l'infortuné captif a jusqu'ici inspirée au monde. Est-ce à cause du profond sentiment de bonheur qu'il éprouve de se voir délivré d'une captivité trop longtemps prolongée qu'il s'est dépouillé de cette stoïque réserve et de cette orgueilleuse impassibilité de l'Arabe en présence des merveilles de la civilisation chrétienne, ou bien notre propre manière de voir nous a-t-elle trompés? Toujours est-il certain que l'Émir montre une expansion de surprise, une disposition a s'ouvrir aux impressions agréables, qui forment un contraste frappant avec l'attitude des chefs de sa race qui jusqu'à présent ont figuré dans la capitale de leurs vainqueurs.

  • Libération d'Abd el Kader en 1852
  • Morning Herald, 1852, dans Napoléon III et Abd-el-Kader, paru chez P.Martinon, 1853, p.379, Eugene Civry.


La politique s'est tue devant l'intérêt immense qu'excite la présence d'Abd-el-Kader à Paris. On sait qu'il va ce soir à l'Opéra, et les places se vendent à des prix fabuleux. La libération de ce noble et vaillant homme a mis dans tous les cœurs une joie immense, mais dans aucun cette joie n'a été plus profonde que chez Louis-Napoléon, qui a toujours, pensé que l'honneur de la France tenait à la situation d'Abd-el-Kader. Un de mes amis, qui a été ministre de Louis-Napoléon, immédiatement après son élection de 1848, me racontait que dans un des premiers conseils tenus à l'Elysée, Louis-Napoléon amena la discussion sur la libération de l'illustre chef arabe. Il est notoire aujourd'hui que, si Abd-el-Kader n'a pas plus tôt été rendu a la liberté, c'est qu'il y avait entre le prince et lui le contrôle de l'Assemblée et du ministère, mais que, du jour où Louis-Napoléon a reconquis sa volonté toute puissante et incontestée, il s'est empressé de prendre toutes les mesures pour rouvrir à l'Émir les portes de la captivité.

  • Libération d'Abd el Kader en 1852
  • Morning Post, 1852, dans Napoléon III et Abd-el-Kader, paru chez P.Martinon, 1853, p.380, Eugene Civry.


23/07/2008
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