L\'Emir Abd el Kader

A l’ombre de l’Emir Abdelkader, « l’ami de la France coloniale », git dans l’oubli Hadj Ahmed Bey de Constantine, l’ennemi irréductible de la France

A l’ombre de l’Emir Abdelkader, « l’ami de la France coloniale », git dans l’oubli Hadj Ahmed Bey de Constantine, l’ennemi irréductible de la France

samedi 20 octobre 2012
par Abdelkrim Badjadja
 

Je suis à la fois indigné et fatigué de lire toutes les louanges sur l’Emir Abdelkader, pendant que Hadj Ahmed Bey est placardisé consciemment dans les débarras de l’histoire comme si l’on était embarrassé de l’en sortir au risque d’amoindrir l’envergure historique de l’Emir ! En fait, beaucoup de nos compatriotes, y compris parmi les chercheurs et les intellectuels, n’appréhendent l’histoire de l’Algérie qu’à travers les lunettes (aveuglantes) françaises.

La France avait prétendu avoir envahi l’Algérie en 1830 pour délivrer son peuple du joug des « Turcs » : donc, pour certains de nos compatriotes les Turcs étaient des colonisateurs – n’est-ce pas Mâamar Farrah du Soir d’Algérie ? Voir ma réponse aux divagations de ce journaliste devenu aigri et réactionnaire avec le temps, ou pour certains encore figé aux années 1970 dont il refuse de décoller.(2) Dans l’historiographie coloniale, les Arabes sont présentés comme ayant été des envahisseurs : aussi pour certains racistes algériens les Arabes sont considérés aujourd’hui encore comme des envahisseurs et des colonisateurs. Les mêmes racistes algériens revendiquent pourtant la citoyenneté canadienne comme un droit après cinq années de résidence au Canada, mais refusent la citoyenneté algérienne à la majorité de leurs compatriotes sous prétexte que ce sont les descendants des envahisseurs arabes voilà 14 siècles ! (3)

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El-Hadj Ahmed Bey

Toujours sous le prisme dévastateur de la France coloniale, les Français venus en Algérie n’auraient fait que récupérer des terres déjà occupées par leurs ancêtres les « Romains », pas les Gaulois. A cet égard, les Français se revendiquent volontiers, et sans complexe, de la civilisation romaine en oubliant tout à fait que les Romains avaient occupé la Gaule en conquérants. Dans la foulée, et en vue de diviser pour régner, les historiens de la colonisation avaient fait une nette distinction entre Berbères, « habitants authentiques de l’Algérie », et Arabes « envahisseurs ». Ce qui encourage aujourd’hui encore certains Kabyles à se présenter comme les « Européens de l’Algérie ». Allez dire ça à la famille Le Pen, et vous aurez une réponse du genre : « Depuis quand les Européens ont une tête de bougnoules ? ». Voir mon témoignage. (4)

Allant plus loin, certains nationalistes (plutôt racistes) kabyles considèrent que la période coloniale et la guerre d’Algérie ne sont qu’une période de « malentendu » entre la France et les Kabyles. Je cite Ferhat Mehenni, dont nom et prénom n’ont rien d’européens, pire ce sont des noms arabes. Quel sacrilège ! (5)

Revenons à l’injustice historique faite à Hadj Ahmed Bey, jeté aux orties par l’histoire coloniale, et oublié par l’historiographie algérienne par mimétisme français comme nous l’avons affirmé au début de ce texte. Pourquoi cet ostracisme qui frappe Hadj Ahmed Bey du côté algérien ? Pourtant Hadj Ahmed Bey avait combattu sans relâche les troupes françaises de 1830, dès le débarquement de Sid Fredj le 27 juin 1830, jusqu’au mois de juin 1848 dans l’Aurès où il avait été obligé de se rendre suite à une trahison de certains chefs de tribu.

Lors de la bataille de Sidi Fredj du 27 juin au 5 juillet 1830, la stratégie adoptée par l’armée algérienne, combattre l’ennemi sur les plages, avait conduit à la défaite. Hadj Ahmed Bey, qui se trouvait sur le champ de bataille, avait proposé au Dey Hussein une autre stratégie : laisser les troupes françaises débarquer sur les plages, et avancer à l’intérieur du pays, pour ensuite les prendre en tenaille entre les forces algériennes déployées à l’intérieur du pays, et celles qui s’infiltreraient à l’arrière des soldats français, afin de couper leurs liaisons avec les bateaux de débarquement. Cette stratégie visait à exterminer les troupes françaises débarquées sans possibilité pour les bateaux d’intervenir. Mais le Dey d’Alger avait préféré s’en tenir aux avis de son gendre l’Agha Ibrahim, et combattre sur les plages l’armée française mieux équipée et expérimentée, d’où une défaire cuisante en huit jours à peine. Plus tard, Hadj Ahmed Bey mettra en œuvre la stratégie proposée, et fera subir à l’armée française une lourde défaite devant Constantine en 1836.

Durant toute la période de son combat, qui avait duré dix-huit ans, Hadj Ahmed Bey avait refusé catégoriquement les propositions françaises qui visaient à lui concéder son titre de Bey de Constantine mais sous le drapeau français. Comme il avait refusé aussi les propositions de la Porte Sublime qui lui offrait le trône de la Régence de Tripoli en échange du Beylik de Constantine qu’il devait abandonner aux Français. Dans les deux propositions, il était question d’intérêts personnels de Hadj Ahmed Bey à préserver en échange de l’abandon de la souveraineté de Constantine. Le Bey de Constantine avait jugé déshonorantes les deux propositions, aussi bien pour lui personnellement qui se considérait comme un authentique fils de Constantine dont il devait défendre l’indépendance, que pour les populations du Beylik qui s’étaient rangées sous sa bannière. Durant son combat contre les troupes d’invasion coloniale, Hadj Ahmed Bey avait infligé une sévère défaite à l’armée française lors de la première bataille de Constantine en 1836. La haine des historiens de la colonisation avait été attisée aussi par la mort du général Damrémont le 12 octobre 1837 toujours devant Constantine (au Coudiat) tué par un boulet de canon tiré des remparts de Constantine sur indication précise de Hadj Ahmed Bey. (6) Voilà autant de raisons qui justifient la position hostile des historiens de la colonisation, mais pas l’ostracisme du côté des chercheurs et intellectuels algériens !

Parlons un peu de l’Emir Abdelkader dont le combat contre l’armée française n’avait commencé qu’en 1832 (où était-il en 1830 ?), et s’était achevé en 1847, Abdelkader devenant par la suite un fidèle ami de la France. Et comment ne pouvait-il pas l’être lui qui avait signé le traité de la Tafna en juin 1837, lequel traité eut pour conséquence immédiate de libérer les troupes françaises en opérations à l’ouest de l’Algérie, pour les acheminer sur Constantine où eut lieu la deuxième bataille de Constantine ! Plus tard, et pour ne pas être en reste, Hadj Ahmed Bey écrira à son adjoint Benaïssa : « Si j’avais à choisir entre faire alliance avec l’Emir Abdelkader pour combattre les Français, ou faire alliance avec la France pour combattre l’Emir Abdelkader, je préférerais encore faire alliance avec les Français ! ». Sans commentaire ! (7)

Quoiqu’il en soit, les deux chefs de la résistance de l’époque commirent la même erreur que celle de nos premiers ancêtres, Massinissa et Syphax, deux princes berbères qui avaient choisi de s’entretuer au lieu de s’unir, en faisant alliance avec les deux impérialismes de l’antiquité : Rome pour le premier, et Carthage pour le second. Résultats des courses tant pour l’antiquité que pour le début de la période contemporaine : l’Algérie perdit son indépendance. Assigné à résidence à Alger en juin 1848, Hadj Ahmed Bey reçut une pension annuelle du gouvernement français de 12.000 francs afin de pourvoir à ses besoins et ceux de sa famille et de son personnel. En comparaison, l’Emir Abdelkader autorisé à s’installer en Syrie reçut du gouvernement français une rente annuelle de 150.000 francs pour servir les intérêts français dans les pays du Levant.

Pour finir, présentons quand même une courte biographie de Hadj Ahmed Bey : Le grand-père de Hadj Ahmed Bey, Ahmed Bey El Kolli, était un turc, il régna à Constantine de 1756 à 1771. Le père d’Ahmed Bey, Mohamed Chérif, était un kourougli, il fut Khalifa (lieutenant) du Bey Hossein de 1792 à 1795. De même que son père, Mohamed Chérif épousa une fille Bengana, Hadja Rokia, qui donna naissance à Hadj Ahmed Bey en 1787 à Constantine. D’où les liens très forts entre la famille Bengana et Hadj Ahmed Bey.

Ahmed Ben Mohamed Chérif (Hadj Ahmed Bey) naquit donc en 1787 à Constantine. Sa maison natale, Dar Oum Noum, se trouvait à l’emplacement précis du Centre Culturel de l’ANP (ex-Mess des Officiers), en face du Palais du Bey. A dix-huit ans déjà, il fut nommé Caïd el Aouassi (Chef des Haracta) par Abdallah Bey (1805). Il occupa encore la même fonction sous Naâmane Bey, puis Tchaker Bey. Il fit le pèlerinage de la Mecque, et séjourna quelques mois en Egypte. En 1818, grâce à l’appui de Hussein Dey, Ahmed fut élevé au grade de Khalifa sous Ahmed Bey El Mamelouk. Il conserva cette fonction à l’avènement des Beys suivants : Mohamed El Mili, et Braham El Gharbi. Devenu un personnage important dans le Beylik, Ahmed en vint à gérer les affaires au lieu et place de son Bey. Cela lui valut des jalousies, et des inimitiés. Menacé de mort, il se résigna à quitter Constantine, pour se réfugier à Alger. Il fut remplacé dans sa fonction par un intriguant notoire Mahmoud, fils de Tchaker Bey, qui deviendra l’un de ses plus farouches ennemis. Ahmed s’installa à Alger entre 1819 et 1826, bénéficiant de la protection du Dey Hussein. Lors du tremblement de terre qui se produisit en 1825 à Blida, Ahmed se distingua par son courage, et son sens de l’organisation, lors des opérations de secours. Il se fit aussi remarquer à l’occasion de deux expéditions à l’intérieur du pays. Il gagna définitivement l’estime du Dey Hussein, qui le choisit comme Bey de Constantine pour succéder en août 1826 au fantasque Bey Manamani.

Ahmed Bey mourut en captivité à Alger le 30 août 1850. Il fut enterré à la zaouïa Sidi Abderrahmane à Alger. Il laissa trois veuves et deux filles, l’une âgée de 20 ans, la deuxième de six ans.

Notes et références bibliographiques : 1- Mon livre : « La Bataille de Constantine 1836-1837 »http://www.edilivre.com/la-bataille…Ce livre a essentiellement pour but de démontrer qu’il y a bel et bien eu une “bataille” à Constantine, qui a opposé d’abord deux armées, chacune avec ses effectifs de cavaliers et de fantassins, son réseau d’agents de renseignements, sa stratégie et ses tactiques, et qui s’est prolongée ensuite dans les rues de Constantine avec la participation de la population : des hommes, des femmes et même parfois des enfants. Notre démonstration s’appuiera, bien entendu, sur la description des évènements dans leur déroulement chronologique, en les situant dans l’espace constantinois, mais fera aussi appel aux témoignages au 3e degré légués à la tradition orale, tout en s’efforçant de présenter les principaux protagonistes de cette bataille sous un éclairage nouveau. Notre étude se veut surtout une contribution à l’étude de l’Histoire Militaire du Maghreb, le professeur Abdeljelil Temimi, ayant largement traité des questions politiques économiques et sociales dans sa thèse : Abdeljelil Temimi, « Le Beylik de Constantine et Hadj Ahmed Bey, 1830 – 1837 », R.H.M. vol 1, Tunis, 1978, 304 p., 24 planches h.t. 36 documents inédits. 2- Ma réaction sur le Soir d’Algérie : « Voxpopuli : La Turquie ancienne puissance coloniale ? » « Parlons histoire sans chercher à polémiquer avec personne, surtout pas avec ceux qui vivent encore à l’ère du complexe du colonisé :
- Doit-on considérer comme « colonisation » toutes les dynasties musulmanes auxquelles avait adhéré l’Algérie de 647 à 1574 ? Il s’agit des Omeyyade, abbasside, Fatimide, Idrisside, Almohade, Almoravide, Hafside.
- La présence ottomane en Algérie, dans le cadre du Khalifat ottoman, a duré trois siècles. Et c’est vraiment faire injure au peuple algérien que de croire qu’il aurait pu supporter durant trois cents ans cette prétendue « colonisation turque » sans réagir ou se révolter.
- En juin 1830, les effectifs des Janissaires ne dépassaient pas le chiffre de 4.000, alors que la population algérienne était estimée à plus de trois millions d’habitants : soit un Janissaire face à 750 Algériens ! Si le peuple algérien considérait vraiment les Ottomans comme des colons, il les aurait exterminés dès leur arrivée au début du 16e siècle.
- Par contre, lorsque les troupes françaises avaient débarqué sur les plages de Sidi Fredj, le 27 juin 1830, c’est bien à coup de canons et de fusils qu’elles avaient été accueillies, alors que les effectifs français s’élevaient à 27.000 soldats, sept fois plus que les Janissaires… ».http://www.lesoirdalgerie.com/artic…3- Mon post sur Le Matin d’Algérie : « …Et quoi répondre à celui qui ose contester l’algérianité de la majorité de nos compatriotes sous prétexte qu’ils sont les descendants des “envahisseurs arabes” voilà quatorze siècles déjà ! Au Canada, on délivre la citoyenneté aux immigrants après un séjour de cinq ans seulement. En Algérie, quatorze siècles ce n’est pas suffisant ! Et qui est en mesure de prouver qui descend réellement des “Berbères” et qui descend des “Arabes” ? Où sont les registres et les arbres généalogiques remontant à quatorze siècles pour trancher cette question ?… ».http://www.lematindz.net/news/4467-…4- Mon témoignage : « …En sortant de la douche, je happe au passage une phrase… »Nous les kabyles, nous sommes les européens de l’Algérie… ». Quoi ! Je me tourne du côté d’où avait fusé cette déclaration incroyable ! Quatre grands gaillards face auxquels je ne ferais certainement pas le poids…J’imagine Le Pen… »Depuis quand les européens ont une tête de bougnoule ? »…Je me réfugie dans un café pour un petit déjeuner qui aura perdu son goût…Ainsi donc, on voudrait me faire croire que la Numidie était peuplée d’européens ? Et que nos ancêtres seraient » les gaulois » comme n’avaient cessé de l’enseigner les maîtres de l’école coloniale ! Et tout le temps que j’avais consacré à étudier l’histoire de Cirta, devenue Constantine en l’an 313 après J.C. ? Gaia, Massinissa, Miscipsa, Jughurta…étaient-ils des « Roumis » ? Aurais-je consacré une partie de mon temps à l’étude de l’histoire de l’Europe et des européens sans le savoir ? Non Messieurs, vous n’êtes pas des européens, non plus des bougnoules, mais des algériens tout simplement !… ».Abdelkrim BADJADJA, « Assigné à résidence au Sahara, Face à la Sécurité militaire », Saarbrücken, Allemagne, Novembre 2010, page 149https://www.morebooks.de/store/de/b…5- Déclaration de Ferhat Mehenni : « …la France et la Kabylie ont été marquées par un malentendu qu’il est enfin temps de dépasser… ».http://www.lematindz.net/news/6993-…6- Mon livre : « La Bataille de Constantine 1836-1837 ». Résumé de la première bataille en 1936 : « … L’armée française, composée de 8.800 hommes, commandée par le Maréchal Clauzel en personne, Gouverneur Général de l’Algérie, secondé par l’un des fils du Roi de France, le Duc de Nemours, quitta Bône le 8 novembre 1836, pour se présenter devant Constantine le 21 dans l’après-midi. Elle espérait que la population se rendrait sans aucune résistance. L’armée constantinoise, composée de deux corps distincts, l’un assurant la défense en ville (2.400 hommes dirigés par Ali Benaïssa et Mohamed Belebdjaoui), l’autre battant la campagne sous la barrière de Hadj Ahmed Bey (5.000 cavaliers et 1.500 fantassins), laissa venir à elle l’ennemi, pour l’enfermer entre l’attaque et la défense. La stratégie constantinoise s’avéra payante, et l’armée française, contrairement à ses espérances, dût livrer bataille et essuyer une lourde défaite qui eut un profond retentissement tant en France, qu’au niveau international… ».7- Mon livre : « La Bataille de Constantine 1836-1837 ». Résumé de la deuxième bataille en 1937 : « …Changeant de stratégie et de politique, le gouvernement français ne pouvant combattre à la fois l’Emir Abdelkader à l’Ouest, et Ahmed Bey à l’Est, signa avec le premier le Traité de la Tafna (30 mai 1837). L’une des clauses du Traité de Tafna stipulait : « Art.7. L’émir achètera en France la poudre, le soufre et les armes dont il aura besoin ». En vertu de cette clause, l’Emir Abdelkader achètera plus tard des armes au gouvernement français. A la question posée au sujet de l’utilisation de ces armes alors que la paix régnait entre lui et la France, l’Emir Abdelkader répondit : « C’est pour s’en servir contre le Bey Hadj Ahmed qui menace mes frontières Est ! »…Bien entendu, le gouvernement français fera tout pour entretenir l’animosité entre les deux hommes qui le combattaient en rangs dispersés. Il fera même plus en donnant instruction au gouverneur général de l’Algérie de tout entreprendre pour affaiblir les deux chefs de guerre, en suscitant dans chaque camp des rivalités à leur autorité. (Archives de l’Armée de terre, Château de Vincennes, Paris)……Fort de son premier succès, Hadj Ahmed Bey adopta la même stratégie pour affronter l’ennemi dans sa nouvelle tentative. Par contre, le général Damrémont, nouveau gouverneur général de l’Algérie, tirant les leçons de la précédente bataille, mit au point un nouveau plan pour assiéger Constantine. Cette nouvelle stratégie, et les erreurs et contradictions du commandement constantinois permirent aux troupes françaises d’entrer en ville le 13 octobre 1837. La bataille classique qui avait opposé jusque-là deux armées prit fin, et une nouvelle page de l’histoire de l’Algérie s’ouvrait avec la résistance populaire : hommes, femmes et enfants prirent le relais pour défendre leur indépendance, combattant à mains nues, et choisissant de mourir dans les précipices plutôt que de se rendre… ».

 

Abu Dhabi le 17 octobre 2012 Abdelkrim Badjadja Consultant en Archivistique.



22/10/2012
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