L\'Emir Abd el Kader

Comment les chevaux arabes ont-ils été perçus en Occident ?

Comment les chevaux arabes ont-ils été perçus en Occident ?

By Jean-Claude Rajot

Posted on November 17th, 2008 in General

(See the comments section below for a translation of this blog entry to English)

A l’origine, en tant qu’améliorateurs des races locales, essentiellement en vue de fournir des produits pour le service de la guerre. La base de nombreux élevages a été les animaux pris dans les combats contre l’Empire Ottoman. Il en est résulté dans de nombreux pays une jumenterie plus ou moins pure que l’on a tenté de conserver par l’achat d’étalons importés d’Orient.

La Hongrie avec la race Shagya a été éminemment honnête.

La France, avec deux variétés régionales, le Tarbais et le cheval du Limousin a eu la même démarche. A partir de Napoléon III, le pays a cherché à se constituer une jumenterie pure (Asil) afin de pouvoir disposer de reproducteurs pour améliorer la race Barbe en Afrique du nord et perfectionner l’Anglo-arabe naissant. Les établissements les plus remarquables ont été Tiaret en Algérie, Sidi Thabet en Tunisie et Pompadour en France. C’est à partir de cette époque que l’on s’est rendu compte de la différence de qualité entre les produits de la métropole et ceux des deux autres établissements (dégénérescence rapide sous l’influence des sols et du climat).

Entre les deux guerres et surtout après la seconde guerre mondiale, la sélection des chevaux arabes s’est faite sur le critère de la course plate sur courte distance et sous poids léger.

Evidemment dans ces conditions, l’Arabe se montrait moins rapide que l’Anglais. La tentation de la fraude (saillie de la jument Arabe par un étalon Anglo-arabe, voir Anglais) était alors très grande. On peut affirmer qu’elle fut même institutionnalisée par les Etats. Elle s’est déroulée avec tant d’ampleur et d’une façon si évidente qu’un certain nombre d’éleveurs, dont Robert Mauvy, protestèrent vivement, mais en vain. L’administration des Haras, qui avait la haute main sur le choix des étalons, tenta de les faire taire en leur imposant pour leurs juments des étalons notoirement impurs. Il y eu donc dans les années 1960 et 1970 des pressions très fortes, entre autre sur Robert Mauvy et Jean Deleau, pour leur imposer des étalons de l’Etat, condition sine qua non pour pouvoir ensuite utiliser leur propres étalons (Aguet, Saadi) ou les étalonsde l’élevage Cordonnier (Irmak, Iricho, Inshallah) qui venaient d’arriver.

Dès 1973 le show fit son apparition de façon prééminente. Les qualités physiques des chevaux devinrent immédiatement secondaires. Pour vendre, il fallait produire « des champions » afin de suivre la mode et mieux encore, de la créer. Tous ceux qui ont des notions de marketing savent ce que cela signifie. Sauf que cela n’a rien à voir avec l’élevage, ni même avec l’équitation.

Le premier cheval de selle du monde était devenu une poupée de chiffon. Devant ces dérives continuelles, Robert Mauvy avait élaboré une doctrine d’élevage afin de conserver la race dans son intégrité physique et morale, pendant quelques générations, en dehors du berceau de race (cette doctrine sera bientôt publiée par notre association).

On peur la résumer en trois points :

1) Monte régulière des juments poulinières et entrainement du poulain dès l’âge de 6 jours derrière sa mère, et jusqu’au sevrage.

2) Entrainement de jeunes chevaux pour une épreuve de 3000 mètres en terrain libre et sous poids minimum de 75kg

3) Epreuve de sélection des reproducteurs sur 10000 mètres dans les mêmes conditions.

Avec cette méthode, on peut espérer conserver le cheval Asil pendant environ trois générations. Ensuite l’emploi de reproducteurs en provenance du berceau de race est une nécessité absolue, sous peine de dégénérescence complète.

Je terminerai cette petite introduction rapide par trois citations que Robert Mauvy aimait rappeler :

La première est la lettre de l’Emir Abdel Kader à Napoléon III, accompagnant le cheval Emir, offert comme présent : « Je t’envoie le plus beau, le plus pur, le plus vaillant cheval que j’ai rencontré dans ma vie. Il s’appelle Emir. Si tu veux le garder en bonne santé et surtout si tu l’emploies à perpétuer sa race, fait lui chasser la gazelle deux fois par semaine. »

« Le cheval de Pur sang arabe est fait pour porter lourd, vite et loin …et continuer »

Enfin la dernière citation qu’il tenait lui-même des bédouins Ruwalah: « Le cheval de Pur sang arabe est le cheval de l’homme, le cheval de course est cheval du diable »

Jean-Claude Rajot



07/08/2012
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